Troubles d’apprentissage : identifier le principal obstacle chez les élèves en difficulté

Entre 5 et 8 % des enfants présentent des troubles d’apprentissage qui persistent malgré un enseignement adapté. Pourtant, le repérage précoce reste rare et les diagnostics sont souvent posés tardivement, parfois après plusieurs années d’échec scolaire.

La confusion entre manque de motivation, troubles du comportement et véritables difficultés d’apprentissage complique l’accompagnement. Les stratégies pédagogiques efficaces se heurtent alors à un obstacle central, souvent négligé, qui freine la progression des élèves concernés.

Pourquoi certains élèves rencontrent-ils des obstacles majeurs dans leurs apprentissages ?

En France, on estime que 15 à 20 % des élèves affrontent des difficultés d’apprentissage à un moment ou à un autre de leur parcours scolaire. Distinguer une difficulté transitoire d’un trouble durable relève souvent du casse-tête. Les difficultés passagères découlent généralement d’une situation particulière : un déménagement, une séparation, une période difficile à la maison, ou encore un rythme scolaire mal ajusté. Quand l’obstacle s’installe et résiste à toutes les tentatives, c’est le signe d’un trouble plus profond, qui persiste même lorsque la famille et l’école se mobilisent.

Derrière ces obstacles, les causes se multiplient et s’imbriquent. Certaines relèvent du fonctionnement neurologique, comme la dyslexie ou des troubles du langage. D’autres prennent racine dans l’anxiété, un manque de confiance, ou l’incapacité à s’adapter à une méthode d’apprentissage standardisée. Une chose est sûre : il n’existe pas de profil unique.

Les répercussions ne s’arrêtent pas aux notes sur la copie. Elles touchent la confiance, la motivation, et parfois l’avenir scolaire tout entier. Pour beaucoup de familles, c’est le flou total : à qui s’adresser ? Que faire devant un enfant qui s’épuise sans progrès visible ? Même les enseignants, malgré leur expérience, se retrouvent parfois démunis pour cibler l’origine du blocage et ajuster leur soutien.

Voici les principaux facteurs qui peuvent freiner la progression d’un enfant :

  • Facteurs cognitifs : troubles spécifiques, mémoire de travail limitée, difficultés dans la gestion des tâches complexes.
  • Facteurs affectifs : anxiété, perte d’intérêt, manque de confiance.
  • Facteurs pédagogiques : méthodes d’enseignement peu adaptées, rythme imposé trop rapide ou trop lent.
  • Facteurs sociaux : environnement familial instable, absence de soutien à la maison.

Face à ce labyrinthe, seul un travail collectif permet d’avancer : enseignants, parents, professionnels de santé. Cette coopération régulière, associée à une vigilance accrue, s’avère capitale pour donner à chaque élève une chance d’éviter l’enlisement scolaire.

Panorama des principaux troubles d’apprentissage et de leurs manifestations en classe

Les troubles d’apprentissage dits « spécifiques », rassemblés sous l’appellation troubles DYS, touchent entre 5 et 7 % des enfants scolarisés. Leur origine est neurodéveloppementale : autrement dit, ces troubles n’affectent pas l’intelligence générale, mais compliquent la vie quotidienne en classe de manière persistante et parfois déroutante.

Pour mieux comprendre ce que traversent ces élèves, voici les formes les plus répandues et comment elles se manifestent au fil des semaines :

  • Dyslexie : difficulté à reconnaître les mots écrits, à lire avec aisance, à comprendre le texte. Souvent, la dysorthographie s’ajoute, entraînant des fautes persistantes à l’écrit.
  • Dyscalculie : trouble sévère dans l’apprentissage des mathématiques, avec des erreurs de raisonnement, des difficultés à retenir les tables, à comprendre les énoncés ou à poser une opération.
  • Dyspraxie : difficulté de coordination motrice, qui complique l’écriture, le découpage, ou la manipulation du matériel en classe. La dysgraphie vient parfois compliquer l’écriture, rendant le geste lent et laborieux.
  • Dysphasie : trouble du langage oral, qui se traduit par une difficulté à comprendre, à structurer ou à exprimer correctement une phrase.
  • TDA/TDAH : trouble de l’attention, avec ou sans hyperactivité, qui mêle inattention, impulsivité, agitation motrice. Souvent mal compris, il perturbe la concentration et la gestion des tâches scolaires.

Ce qui frappe, c’est la fréquence des combinaisons : près de quatre enfants DYS sur dix cumulent plusieurs troubles, ce qui complique leur identification et la mise en place d’un accompagnement adapté. Souvent, la mémoire de travail et les fonctions exécutives (planification, organisation, inhibition) s’avèrent défaillantes, ce qui pèse lourd dans la réussite scolaire. Les enseignants décrivent ces élèves comme vifs, curieux, mais freinés par des obstacles invisibles, difficiles à contourner sans aide ciblée.

Reconnaître le trouble dominant : signes à observer et questions à se poser

Identifier le trouble d’apprentissage prédominant chez un élève demande de la méthode, de l’observation et du dialogue. Il ne s’agit pas de deviner. Avant toute autre chose, il est indispensable de faire le tri : certaines difficultés relèvent de facteurs extérieurs temporaires, comme un climat familial tendu ou des problèmes sensoriels non repérés, ou encore d’une adaptation pédagogique encore imparfaite.

Les signes varient selon le trouble. Une lenteur inhabituelle lors de la copie, des ratures à répétition, une fatigue marquée à l’écrit : cela oriente souvent vers une dyspraxie ou une dysgraphie. Quand la lecture reste laborieuse, que les lettres se mélangent et que la compréhension du texte stagne, la dyslexie est à envisager. Si les mathématiques deviennent un terrain miné, avec des oublis, des confusions d’opérations, des blocages devant les problèmes, la dyscalculie se profile. Et quand l’agitation s’invite tous les jours, avec une attention qui s’évapore et une impulsivité tenace, il s’agit peut-être d’un TDAH.

Les professionnels, orthophonistes, psychologues, médecins, psychomotriciens, s’appuient sur ces indices pour affiner leur diagnostic. Le repérage du trouble principal aide à orienter la démarche, mais il passe par une observation attentive et des échanges réguliers avec les parents et l’équipe éducative.

Pour guider cette réflexion, voici quelques questions centrales à se poser :

  • Le trouble principal concerne-t-il la motricité, le langage, l’attention ou la logique numérique ?
  • Les difficultés persistent-elles malgré un ajustement pédagogique ?
  • Un ou plusieurs domaines scolaires sont-ils touchés de façon significative ?

Cibler le trouble dominant, c’est poser la première pierre d’un suivi adapté, qu’il s’agisse d’un PAP, d’un PPS ou d’une autre forme d’accompagnement individualisé.

Jeune enseignante aidant une élève en bibliothèque

Des pistes concrètes pour accompagner chaque élève vers la réussite

L’accompagnement d’un élève touché par un trouble d’apprentissage demande anticipation et cohérence. Une fois le diagnostic posé, la personnalisation du parcours devient une priorité immédiate. L’école s’appuie sur plusieurs dispositifs : le PAP permet des ajustements pédagogiques ciblés, le PPS s’adresse aux situations reconnues comme handicap, tandis que le PPRE propose un soutien renforcé sur une durée déterminée. L’objectif reste le même : donner à l’élève la possibilité d’avancer, sans l’écarter de la vie collective de la classe.

Souvent, il suffit d’un peu de bon sens, couplé aux recommandations de la Haute Autorité de Santé : accorder du temps supplémentaire lors des contrôles, simplifier les consignes, fractionner les tâches, proposer un ordinateur ou limiter la copie manuscrite. Pour certains élèves, l’accès au numérique ou le recours à une aide humaine (AESH) ouvre des alternatives concrètes. D’autres bénéficient d’un suivi avec un professionnel spécialisé : orthophoniste, ergothérapeute, psychomotricien.

L’aspect psychologique ne doit jamais être négligé. La motivation et la confiance en soi jouent un rôle décisif. Chaque progrès, même minime, mérite d’être souligné. Les familles, quant à elles, s’appuient sur les ressources d’associations ou de réseaux comme le RASED. Selon l’Inserm, cette alliance d’ajustements et de soutien permet de compenser les difficultés et de soutenir la réussite, même lorsque le trouble ne disparaît pas.

Au bout du compte, chaque élève a droit à une trajectoire sur mesure. Savoir l’écouter, repérer ce qui bloque, agir ensemble : c’est là que se joue la possibilité de transformer un obstacle invisible en levier d’émancipation. La route n’est pas rectiligne, mais ce sont ces détours qui, souvent, dessinent les victoires les plus marquantes.